ce que parler veut dire 1
Quand on m'a dit "Pinochet est mort", la première chose qui m'est venue à l'esprit c'est ce passage du début du "Voyage au bout de la nuit" de Céline :
"C'était une bonne nouvelle. Tant mieux! que je pensais tout de suite ainsi : "C'est une bien grande charogne en moins dans le régiment!" Il avait voulu me faire passer au Conseil pour une boîte de conserves. "Chacun sa guerre!" que je me dis. De ce côté là, faut en convenir, de temps en temps, elle avait l'air de servir à quelque chose la guerre! J'en connaissais bien encore trois ou quatre dans le régiment, de sacrées ordures que j'aurais aidées bien volontiers à trouver un obus comme Barousse."
Je connais ça par coeur, je l'ai tant écouté, dit par Michel Simon, dans un vinyl, bien rayé, à force. Le disque appartenait à A.G., un vieux pote...
Sarkozy, lui, quand on lui a dit, en direct, "Pinochet est mort", et qu'on lui a demandé s'il avait quelque chose à en dire, n'a rien trouvé à dire, et n'a rien dit. Aucun commentaire. Il y a des silences qui en disent beaucoup.
Il ne pouvait pas dire "une bien grande charogne en moins", on ne dit pas des choses comme ça si on ne les pense pas, et surtout si on pense le contraire.
Il ne pouvait pas dire non plus que ça l'attristait, la mort de cette vieille charogne. Electoralement parlant, on ne peut pas laisser parler son coeur, ça ferait trop de dégats.
Alors il n'a rien dit.
Villepin, lui n'a pas hésité plus de quelques heures pour déclarer quelque chose comme : "On peut regretter qu'il n'ait pas été jugé". On peut le regretter : c'est une possibilité. On peut le regretter, c'est donc qu'aussi on peut ne pas le regretter, voire qu'on ne peut pas le regretter.
Ces gens-là pèsent leurs mots au plus juste.
La droite française n'est démocrate que parce qu'elle ne peut pas faire autrement. On voit là affleurer son vieux rêve, son idéal, son utopie : gouverner par le biais d'un vieux général, bien sanguinaire, sans arrière-pensée, sans chichis démocratiques, un qui va droit au but, qui ne s'embarrasse pas des scrutins, un qui fait marcher le peuple à la trique, à la matraque, à la mitrailleuse, à la hache, à la torture, au karcher au moins, ça serait un bon début.
Mais les vieux généraux, malgré les palaces, les exils dorés, les égards qui leurs sont faits, les articles qu'on va rechercher au fond des vieux codes pour les ménager, malgré les lois spéciales que l'on concocte pour eux, les vieux généraux finissent bien par crever.
Alors, même les crocodiles savent retenir leurs larmes.
Libellés : ce que parler veut dire, les aventures de la droite
1 Comments:
Oh, que c'est pas juste qu'il soit mort dans son lit!
Bon je fonce sur mon seul et unique cd de Beaucarne et j'écoute la chanson pour Victor Jara (on dit que ça se prononce[rara])et le 11 septembre, je fais une minute de silence en mémoire de la mort de Savador Allende. A chacun son 11 septembre!
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