L'épisode gauchiste de Sarkozy n'aura pas duré bien longtemps. Maladie infantile vite soignée, notre patient impatient s'en est bien tiré.
C'est donc le retour des fines allusions au mouton égorgé dans la baignoire, au grand frère qui tabasse la petite soeur, au père qui empêche la mère de s'habiller comme elle veut, à la course aux allocs etc., tous ragots de comptoirs parfumés à la vinasse et au pastis.
Propos de pauvres types qui déversent leurs rancoeurs et leurs échecs au coin du comptoir de tous les minables, de tous les aigris, de tous les traîne-savates, de boutiquiers ratés, de rentiers fauchés, de cocus rançis, nostalgiques (c'est un comble!) de l'Algérie Française, de la Collaboration et de ses petits bénéfices, bande de miteux défenseurs auto-proclamés de la pureté de la race française, qu'ils incarnent si superbement.
En voila une belle base électorale, pour se lancer dans le XXIème siècle, promis autrefois rien moins que mystique! Un XXIème siècle qui commence dans la haine la plus ordinaire, dans les remugles de ce qu'il y a de plus vil, de plus bas, de plus primitif, "la sale âme héroïque et fainéante des hommes".
Combien de crimes, de ratonnades, de tabassages sont-ils déja en germe, préjustifiés dans les propos ignobles de Sarkozy, candidat à la Présidence de la (c'est un comble!) République?
Officialiser ces relents en les reprenant sans vergogne aux heures de grande écoute, ou devant la foule trépignante des meetings de l'Ump, qui applaudit hystériquement à chacune de ces délicates allusions à l'ARABE (Le mot n'est jamais prononcé, mais les sagaces sarkozystes tiennent à montrer ainsi qu'ils ont bien compris l'art subtil de la périphrase et de l'euphémisme de leur maître, rhétoricien éminent, bien qu'infoutu d'employer l'imparfait du subjonctif), officialiser ces relents, c'est déja nous promettre à tous encore trente ans de guerre civile plus ou moins larvée.
Qu'est-ce que ça va donner s'il est élu, et que les chiens seront lâchés?
Au XXIème siècle, dit-on, le climat va se réchauffer.
En attendant, moi, j'ai froid dans le dos.